lundi 10 mars 2014

Les 6 heures de la Gorgue

Je me suis longtemps demandé comment rédiger ce compte rendu de course. Pas par déception du résultat ni à cause de mauvaises sensations. La raison réside dans le profil de l'épreuve. Car aujourd'hui, nul découverte grandiose d'une chaîne de montagne ou de trésors cachés au cœur d'une verdoyante forêt. Rien de tout cela.



Aujourd'hui , on va faire simple et découvrir tout un pan de la course à pied que je ne connaissais pas : les courses horaires. Sur le papier, rien de particulièrement attrayant : une boucle de 1.6 kms de bitume à arpenter le plus de fois possible en 6 heures.
Ce circuit commence par 300 m de piste d'athlétisme à côté de laquelle s'affiche inexorablement ,sur un grand panneau , l'heure et la température du moment. Nous traversons ensuite le gymnase sous les yeux des "juges pointeurs", passons devant le ravito et entamons le tour du quartier : une virage à droite , un autre , passage devant le cimetière , virage à droite , longer les haies, virage à droite, petite rue, virage à droite , ligne droite , virage à droite, on rentre sur la piste d'athlé et on repart pour un tour .
Oui, aussi passionnant que ça.

 

En fait, à première vue, on se fait chier. Faut quand même être clair, le principe sur le papier est totalement bizarre mais pourquoi pas ? certains le pratiquent régulièrement, sont peut être givrés ...

Avide de découverte, me voilà débarqué à La Gorgue, petite commune à l'ouest de Lille,  sous un magnifique soleil printanier. Le gymnase pierre de Coubertin repéré , je m'avance sur le parking à l'affut d'une éventuelle place.

L'aventure commence là par la découverte des us et coutumes du parfait circadien : je traverse une haie de voitures , coffre ouvert , table de camping dépliée , ravito perso installé,  Image sympa de toutes ces familles, entraîneurs, chéri(e)s venus encourager leur proche.



Du coup , je me pose la question de la présence d'un ravito collectif qui existera bel et bien et qui me permettra de survivre car avec 3 bananes et 1.5 L de flotte, je serais pas allé bien loin ...

Je retire mon dossard (59) , me prépare (pas de sac, l'avantage de tourner en rond !) et vais patienter sur la ligne de départ. Je me place au fond du "peloton" avec pour objectif d'atteindre les 50 kms sans trop souffrir afin de valider mon premier mois de préparation. le surplus kilométrique sera considéré comme bonus.

Dès le début, on se sent en présence d'une petite communauté ou tout le monde se connaît. L'ambiance bon enfant est particulièrement agréable et à bien y réfléchir, ce type d'épreuve favorise un tel sentiment. le fait de tourner en rond permet de mélanger les coureurs de différents niveaux : ceux venus tutoyer les sommets en courant ou en marchant, ceux venus en sortie plus ou moins longue et qui aux premières traces de fatigue iront se reposer quelques minutes à l'ombre avant de reprendre leurs foulées. Pas de barrières horaires, pas d'élimination que du plaisir.



Mon appréhension première disparaît progressivement d'autant qu'enchaîner les tours entraîne une certaine aliénation mentale finalement pas déplaisante. La concentration est essentiellement centrée sur son propre ressenti, pas de paysages à observer, pas de pierres ou racines modifiant sa course . Rien que ses pas, les plus réguliers possible.

Difficile à décrire, cette sensation m'a beaucoup plu. D'autant qu'il faut rajouter le classement ! Sur une course en ligne , c'est très simple ...  sur une boucle , s'est beaucoup plus compliquée ! que je te double que tu me doubles, que nous nous doublons, qu'on se voit plus pendant 2 heures car nous courons à la même allure que je t'ai doublé plus que tu m'as doublé que ça veut dire que je suis devant toi ... blablabla. Bref, en plus de l'aliénation mentale ou touche ici à la confusion psychologique.

Mais ... c'est marrant .

côté course,peu confiant en mon état de forme je pars à 11 km/h et me fais doubler de nombreuses fois par quelques bolides du bitume. Impressionnante vitesse.



Je passe le marathon en 3h40 à peine entamé et vu que les jambes semblent répondre j'accélère un peu le rythme et récupère des tours sur tout le monde (sauf sur le vainqueur).
Passage au 50ème en 4h20, passage au 60ème en 5h14.
Les jambes se font finalement lourdes mais ne m'empêche pas de courir. Vu mon résultat, je décide de modifier mon objectif est d'atteindre les 66 kms afin de dépasser les 11 km/h de moyenne sur 6 heures.
Le contrat sera finalement rempli et même amélioré puisque je boucle mon dimanche avec 67.59 kms exactement au GPS.

Cette fin d'épreuve m'aura ainsi fait découvrir la façon dont on termine un 6 heures. Pour moi, on comptabilisait le nombre de tours complets effectués et on calculait la distance. Sur le terrain, ça ne se passe pas comme ça : on court, non stop et lorsque on atteint les 6 heures , un mec siffle, le coureur s'affale sur le bitume rechauffé par le soleil de plomb (jusqu'à 23 degrés) et attend qu'un "juge arbitre mesureur" vienne et trace au sol l'endroit ou on s'est arrêté et son numéro de dossard afin de pouvoir calculer le complément kilométrique ...
ça aussi c'est marrant ! tout le peloton reste figé comme si on jouait au jeu de la statue ...

Et c'est ainsi que s'achève mon périple. Parti avec un apriori défavorable et revenu avec une certitude. Celle de refaire au plus vite une course horaire !

Côté organisation :
le balisage sur 1.6 kms était super ! je me suis jamais perdu ! heureusement au bout de 50 tours ...
Le principal hic pour moi, réside dans le décompte des tours qui demanderait d'être réalisé par l'intermédiaire de puces afin d'être plus précis ( peut être trop cher ?)
Le reste fut parfait, l'ambiance excellente, les dossards nominatifs demeurent toujours  une bonne idée pour favoriser les encouragements (merci à la dame qui à chaque tour et pendant 6 heures a répété : "bravo David")

 

, les ravitos complets , un beau tee shirt. Le tout pour ...15 euros. Efficace.
On voit que l'ensemble est organisé par des passionnés. Merci à eux, ainsi qu'au photographe.

De mon côté, satisfait de mon résultat et de mon anecdotique 6ème place, je sens que c'est le genre d'épreuve que j'apprécie et ou je peux performer. Je reviendrai donc, entraîné pour .

Ma préparation en vue de l'armorbihan continue. Le prochain évènement devrait être le off dans l'Oise avec la confrérie des horizons (22 mars). Cela fait longtemps que j'avais envie de les rejoindre, ce sera certainement l'occasion.

résultats ... ici !



4 commentaires:

  1. Après FB, un p'tit tour par ici pour te féliciter pour ton superbe résultat d'hier.
    Contrat plus que rempli pour toi avec ces 67,50 km.
    J'espérais pouvoir te faire un peu la conversation sur la fin de l'épreuve, à un moment où mon rythme s'amenuisait. Hélas, le tien est resté tellement constant que mes occasions de te doubler se firent rares.
    Comme toi, on a oublié de me comptabiliser un tour.
    Au plaisir de se recroiser sur les chemins (off ou épreuve officielle) et bonne continuation pour la suite et surtout l'Amorbihan.

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    1. merci Philippe ! content de t'avoir croisé ... et bravo pour ta victoire avec tes 78 bornes !

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  2. Alors là chapeau David ! 67.5 bornes fallait le faire avec peu d' entrainement finalement ! Tu m'aurais mis 4 ou 5 tours je pense ! lol.
    Manu.

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