dimanche 10 mai 2015

Trail du cap de creus


  On me l'avait vendu comme le paradis et on s'en est effectivement approché .
Du haut de ses 43 kms et 2200 m D+ le trail du cap de Creus est un vrai concentré de nature méditerranéenne.
De la caillasse, des cactus, des oliviers, des criques enchanteresses, de l'eau turquoise et la senyera , drapeau catalan, symbole de fierté pour toute une région.


Une branche de ma famille est née ici. J'ai pêché mes premiers poissons au sein de ce territoire. J'y ai des souvenirs d'enfance.
Malheureusement, étant enseignant, je suis dépendant des vacances scolaires. Celles ci se déplacent d'une année sur l'autre. Tantôt début avril, tantôt début mai … il faut donc profiter des opportunités du moment pour réaliser quelques unes de ces merveilleuses courses repérées au cœur d'un riche calendrier.


Je l'ai souvent répété, je n'apprécie pas particulièrement les grosses ascensions. Marcher pendant de longues minutes me rappelle trop la randonnée pour me croire encore en course. Ma préparation est totalement exemptée de ce type de côtes au profit de raidillons que l'on peut franchir grâce à un bon coup de rein.
Je suis bien conscient des difficultés que ce type de profil de moyenne montagne peut offrir ainsi que mes limites face à cet enchaînement de montées et de descentes . On peut même dire que je les crains. Peur de se blesser en côte comme lors des Citadelles ou en descente comme lors de la panoramique de Millas , j'ai ainsi pris le parti de faire ma course à allure souple, appareil photo à la main, yeux émerveillés grands ouverts et sourire collé au visage.

Voici le fameux profil du jour :

 

Après analyse, on peut repérer les quatre grosses ascensions du jour. Toutes sont différentes :
- la première est de loin la plus longue et la plus difficile.

 

 Placée en début de course, elle présente l'inconvénient d'offrir un sentier étroit rendant impossible les dépassements. 

 

Le coureur voulant briller lors de cette épreuve se doit de partir vite pour éviter tous les bouchons que j'ai du endurer lors de cette ascension.

 

Nous montons de façon régulière en lacet sur des portions ou la marche est obligatoire pour pratiquement tout le monde. Nous croisons quelques vaches apeurées par la masse humaine qui fond sur elles.


Après cette partie ou le gros du dénivelé est engrangé, nous accédons à une crête que nous allons suivre sur une bonne distance pour atteindre les ruines de sant salvador saverdera (682 m)



 

 

 et le monastère de sant pere de Rodes (510 m). Les images sont saisissantes, dommage que le soleil ne soit pas au rendez vous. Cette crête rend la progression difficile par la présence de grosses pierres enchevêtrées qu'il faut escalader ou enjamber. Beaucoup apprécieront la technicité du passage. Les kms passent lentement … pratiquement 2h30 pour 9.5 kms !


J'arrive enfin au premier ravito. La présence d'olives, de bonbons, de bananes, d'oranges, d'eau , de pepsi ,de tortillas, de pains à la tomate… offre un large panel gustatif qui ravira le plus difficile des trailers. S'ensuit une première longue descente toujours aussi technique ou les cuisses tapent fort. Je tente de rester relâché, pour éviter d’ankyloser mes quadriceps. Les intervalles entre concurrents commencent à s'espacer. J'ai enfin de la place pour grappiller quelques places .


Nous arrivons au port de la Selva. Enfin le terrain s'aplanit. Ma foulée retrouve des repères que les ascensions / descentes ne m'ont pas encore permis de trouver. J'accélère l'allure et passe de nombreux concurrents malgré les pauses photos que le magnifique port m'incite à faire.
Le drapeau catalan danse fièrement au milieu de ce décor de rêve. 

 

Le parcours nous fait découvrir les petites ruelles du village. Toutes en côte , jusqu'à arriver sur un promontoire dévoilant des criques paradisiaques.

 

 Quelques foulées sur le sable et la seconde ascension commence. Beaucoup plus courte, beaucoup moins exigeante. 

 

 

Les roches déchiquetées sont toujours là , les cactus aussi, mais la partie ou la marche est obligatoire reste cette fois ci éphémère avant de laisser la place à des sentiers aux pourcentages plus légers qui permettent de maintenir une cadence intéressante. Le décor est grandiose, je ne peux m'empêcher de me retourner pour profiter du spectacle (Puig bufador 430 m).



La descente sur Cadaquès reste aussi un grand moment.

 

 Le village en contre bas ,d'un blanc éclatant, apparaît au grès des virages ou les murets de pierres se succèdent. Nous sommes au 26 ème , le ravito hébergé sur les bords de la Méditerranée est pris d’assaut par les familles des concurrents. L'ambiance est vraiment agréable, le décor toujours féerique. Je m'arrête régulièrement prendre des photos. Le chrono aujourd'hui n'a aucune importance .


Je laisse le fief de Dalí derrière moi pour attaquer la troisième grosse ascension vers le puig de sa Cruilla (322 m). 

 

Comme pour la seconde côte, la difficulté est ici modérée. De nombreuses parties peuvent se courir et nous amènent sur une vue à 360 degrès.

 

 Nous voyons d'où nous venons et nous pouvons apprécier la suite du parcours.


A partir d'ici, nous allons enquiller 7 kms de jouissance totale. De petits sentiers côtiers, à fleur de falaise avec la mer qui miroite sous les premiers rayons de soleil qui daignent enfin montrer le bout de leur nez.
Ces monotraces sont entrecoupés par la traversée de quelques plages nichées dans ce paradis minéral.

 

 

 La cala Joncols et son ravito sous les pins parasol,


 

 la cala Montjoi, dernier arrêt avant l'arrivée resteront longtemps dans mes souvenirs. Je profite au maximum de ces moments hors du temps. Je comprends maintenant pourquoi le site internet de la course parlait de « paraïso ». J'y suis en plein dedans .


Malheureusement, toute bonne chose à une fin et il faut quitter ces criques pour retourner vers Roses. Rien d’insurmontable en apparence : 7 kms . Mais il faut en avoir gardé sous la pédale pour escalader le pla de les gates. Longue côte , difficile, ou le soleil enfin présent nous colle aux pierres du sentier. La chaleur est étouffante, les derniers mètres compliqués. Les mains sur les cuisses, il faut pourtant pousser encore et toujours pour atteindre le sommet ou un troupeau de vaches nous attend , stoïque.


Roses est visible, juste là, en bas. Plusieurs lacets nous y mènent directement. Comme durant toute l'épreuve, ces petits chemins présentent des marches naturelles à descendre, des pièges rocheux à éviter. Si physiquement je me trouve parfaitement bien, je sens poindre une crampe à la cuisse droite lors de contractions un peu poussés (type sauts …).
Tout en retenue, je finis la dernière longue descente pour atteindre Roses et parcourir l'ultime km plat qui me mènera à l'arrivée en 6h15 pour 44.5 kms au GPS et 2200 m de D+. (119 ème/ 418 finishers)


J'ai vécu une course fantastique qui ravira n'importe quel trailer. L'adepte de la montagne trouvera de quoi faire travailler les cuisses en alliant l'aspect plage, cactus … extrêmement dépaysant .


La plus belle course qui m'ait été donné de faire. A faire et refaire !

Côté orga :
  • le site internet mériterait une version française surtout avec la proximité de notre territoire et le fort contingent de coureurs francophones présents lors de l'épreuve.
  • le prix d'inscription est plutôt élevé. Au delà de l'euro/km qui me tient tant à cœur … (50 ou 55 euros , je ne sais plus trop )
  • récompense : un tshirt technique au retrait du dossard ou le nom de la course est floqué sur la manche. Côté promotion de l'épreuve , un flocage pectoral ou dorsal serait plus efficace. Puis un joli tshirt en coton finisher.
  • Les ravitos , sans gluten, sont super bien fournis en sucré comme en salé.
  • Le parcours et le balisage sont exemplaires.
  • La météo joue un rôle important. Cette année, nous avons eu une chaleur et un taux d'humidité élevé. 5 kms et j'étais déjà complètement trempé. Par contre, un jour de chaleur caniculaire, la course doit vite devenir infernale.
  • Le lieu de départ est clair, large avec de nombreuses places de parkings
  • Présence de photographes exceptionnels. Des clichés magnifique que vous avez pu admirer lors de la lecture de ce compte rendu (quelques photos sont tout de même de moi … les plus moches !)

Prochains objectifs : les 100 kms de Steenwerck jeudi (sans accompagnateur) et le raid VTT Paris Roubaix (125 kms) dimanche. De quoi travailler encore l'endurance !

Résultats ... ICI

une superbe vidéo :


merci encore aux photographes


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