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jeudi 18 février 2016

Sports nouveaux, épisode 2 : le run and bike tout seul



On ne choisit pas ses parents , on ne choisit pas sa famille.Ceci, tout le monde le sait et on essaie de s'y adapter du mieux possible. Le problème intervient quand on se rend compte que son propre père, géniteur de l'homme idéal que je suis (n'ayons pas peur des mots) décide de se prendre pour un sportiurge (dérivé de démiurge mais pour le sport).

Souvenez vous du run and find de Charly. Voici l'épisode 2 : le run and bike tout seul .

Lorsqu'on parcourt l'histoire sportive, on observe que bien souvent la création d'une activité est le résultat d'une beuverie : " Et si on tapait les bouchons des bouteilles de champagnes qu'on a torché avec des raquettes ?" ainsi naissait le badminton ...

Parfois, cette créativité découle aussi d'un darwinisme inversé ou d'un milieu consanguin émerge parfois un éclair de génie. " les gars, les gars, j'ai gardé la panse d'un mouton que j'ai égorgé (et c'était pas l'Aïd) , je l'ai fourré de paille et on va se foutre sur la gueule pour savoir qui va réussir à la déposer sur le parvis de l'église du village !" Ainsi naissait le rugby ...

les exemples sont trop nombreux pour être tous cités mais pensez au curling ("donnez moi un balai !"), au saut à ski ("je vole, je vole, oh putain va falloir atterrir") ou au biathlon (sport de prédilection des chasseurs montagnards, "non, même à ski hors de question de lâcher mon fusil ... des fois que je croise une galinette cendrée"). Impossible d'imaginer un être sain d'esprit à l'origine de ces idées fumeuses.

Et bien voilà dans quelle catégorie il faut placer Charly ou mon père : les génies incompris.

Évidemment, dans le rôle du pigeon, l'acteur reste toujours le même : moi. Pauvre bougre , cobaye désigné testeur d'idées lumineuses.

Toutes les vacances, nous avons sillonnés en courant ou en VTT les sentiers sauvages de la Clape ("tas de cailloux" en occitan) . Nous étions toujours sur des monotraces à rechercher des liaisons entre les différents secteurs de ce massif aride et rocailleux. Les routes restent proches et si un problème survient , ces échappatoires nous permettent de retrouver rapidement la civilisation.

Car mon père est habile. Le Rémy Julienne de toute une génération. Je le retrouve plus souvent par terre que sur son vélo. A croire que son cul est allergique à sa selle. Achaque période de vacances , sa blessure :
- Décembre 2015, côtes cassées.
- Toussaint 2015, poignet cassé, chute lors de la première descente de la première sortie.
- Pâques 2015, pincement d'un nerf à la main suite à une chute sur une pierre ... en courant.
Le branquignole du deux roues, l'unijambiste du trail, la carpette sportive.
Autant les autres génies avaient pour excuse leur ascendance ou l'exces d'alcool mais lui , rien. Peut être la sénilité ...

Du coup, ces 15 jours sans accident nous avaient rendus confiant. On était bien chaud, prêts à partir à l'aventure dans des endroits reculés ou certaines espèces animales n'avaient même pas été répertoriées. C'est dire l'aspect sauvage des lieux. Pas d’échappatoire cette fois ci, la poisse nous avait laissés tranquille. La première route carrossable était à des kilomètres. Tout était en place pour une sortie VTT à la wanagain and bistoufly (oui mon père à des expressions de jeun's ...)

Tout avait pourtant bien commencé : des belles côtes caillouteuses, des descentes sinueuses et techniques. Nous atteignions le milieu du parcours, les téléphones ne captaient plus, mon père n'était toujours pas tombé et nous dévalions à fond les manettes (autre expression paternelle) un petit sentier vachement sympa.

Et là, survient le drame. Pas grand chose, une légère flatulence pneumatique mais se transformant rapidement en bruit de sèche cheveux.  Aïe, grosse crevaison. Petite pause, démontage express et constatation des dégâts : chambre pincée, deux belles fentes irréparables.

Nous dans la famille, on est du genre "ça n'arrive qu'aux autres". Une chambre à air de rechange ? pourquoi faire ? dès 50 ans, un dépistage du cancer colorectal ? pas pour moi ! ... pas pour toi, pas pour toi , n'empêche que là on l'a quand même dans le cul et qu'il va falloir rentrer .

Le paternel ne s'affole guère. Son vélo de bourgeois aux suspensions bioniques amortissent la moindre pierre. Le bougre dit faire du VTT. Personnellement, après avoir essayé sa machine, j'ai eu l'impression de faire du vélo sur un matelas : ça s'enfonce, c'est doux, ça rebondit un peu. Il risque pas de transpirer beaucoup, ni d'avoir mal aux épaules. Des fois qu'en plus il soit en relation avec la fédé belge de cross country et qu'il nous cache un petit moteur dans le pédalier ...

Comme tout père qui se respecte, il abandonne donc son fils à son propre sort. La lâcheté n'a pas de limite et mes larmes comme mes cris de désespoir ne lui feront jamais faire demi tour. "Je vais chercher le camion" qu'il a dit. Le père du petit poucet lui a dit pareil avant de l'abandonner dans les bois. D'autant que son camion (qui coûte moins cher que son vélo) ne peut absolument pas se faufiler au milieu de ces portions non carrossables ...

Je m'assois et je réfléchis. Je rigole en regardant cette fameuse chambre à air increvable remplie de produit censé colmater les éventuels trous. J'essaie de replacer des rustines et regonfle le tout dans une ultime tentative désespérée. Et miracle. Cela à l'air de tenir.

j'esquisse quelques pas de danse autour de la chambre à air (façon indien pour attirer la pluie). Un petit rire démoniaque la bouche grande ouverte et pshitt ! fausse joie,  la rustine pète sous la trop grande pression de l'air . Le fameux liquide miracle gicle, j'en prends dans la bouche, j'en ai plein la gueule , c'est dégueulasse. Je ressemble vaguement à Katsumi sur un VTT ( oui j'ai une grosse culture).

Retour à la case départ. la situation est désespérée. Je liste les différentes alternatives qui s'offrent à moi :
- chercher des sentes d'animaux pour poser des pièges et survivre dans ce milieu hostile.
- trouver de l'eau
- se faire une cabane
- faire du feu

Je n'ai pas peur. J'ai vu toutes les saisons de Koh Lanta.
Après des heures de recherche infructueuse sans avoir pu mettre la main sur du manioc, sur une citerne , sur un palmier ou sur un cochon sauvage. Après des heures à crier en vain dans l'obscurité "Denis, j'abandonne".
Je décide d'emprunter l'unique voie qu'il mes reste : le retour en run and bike tout seul.

Une main sur la selle du vélo, une autre sur le guidon et je cours, je cours comme si ma vie en dépendait. Pour ne pas m'endormir,  les pédales viennent régulièrement percuter mes mollets en une piqure douloureuse.
Je croise un autre cycliste qui me regarde bizarrement.Ses yeux s'arrondissent, il n'a du jamais voir un run and bike tout seul.

 Je lui crie comme explication :" je suis semi belge". Quand on balance le mot belge dans une discussion de sudistes, tout est excusé.

J'arriverai finalement au bout de cette formidable sortie. Mon père n'a pas menti, il est effectivement allé chercher le camion ... pour rentrer chez lui.

Je franchis le seuil du domicile familial et ce grand con me sort :  "Alors , il est pas si à la ramasse que ça le vieux hein ?"
J'ai pas compris. Il doit avoir du sang belge lui aussi .


dimanche 22 novembre 2015

sports nouveaux : run and find de Colfontaine

Charly est un gars sympa. Charly est le genre de gars que tout le monde aimerait rencontrer. Bon vivant, marrant, d'un abord facile et organisateur de off hors pair.
Certes, son passé "trouble" , marqué par une réputation peu flatteuse de chochotte ou d'esquive à berdoule lui a parfois porté préjudice et a été à l'origine de nombreuses moqueries. Cependant, comme le bon vin ou comme la bonne bière (dont Luc s'est imprégné samedi soir) , Charly a su évoluer.
Comme une chenille devient papillon, notre ami s'est transformé en un légionnaire des sentiers. Mi homme , mi sanglier. Le seul problème est que son cerveau oscille entre ces deux personnalités.

 

La semaine dernière, le Charly humain nous a offert un formidable condensé de ses capacités lors du off nocturne de Colfontaine : convivialité, sourire, orientation au mètre prêt, estimation temporelle respectée à la seconde, ravito d'après course ... le top.

Mais voilà, au lieu de rester sur une bonne note, il a fallu qu'il remette le couvert. Bien entendu, on ne peut proposer à ses convives deux fois consécutivement les mêmes délices, il faut alterner les plaisirs pour ne pas lasser son public. Alors le Charly sanglier s'est creusé les méninges. Il a réfléchi des jours et des jours pour nous inventer un nouveau concept : le run and find.



Oh le concept est simple : mettre la clef de sa voiture (contenant les affaires de copains innocents ainsi que leurs papiers d'identité) dans une poche ouverte de sa veste et gambader gaiement dans un bois en automne, faire des cabrioles dans les terrils, s’ébattre joyeusement dans toutes les flaques de boue que l'on peut trouver et annoncer à 2 bornes de l'arrivée : "les gars , j'ai perdu mes clés".
Voilà, c'est marrant comme jeu paraît il. En tout cas ça a bien fait marrer les belges à qui on a raconté notre histoire afin qu'ils daignent nous prêter leur portable pour contacter les secours.

En effet, le français qui court en Belgique oublie son portable ... dans la voiture, ou pense à le prendre mais ne sait pas quels chiffres il faut faire pour téléphoner en France. De vrais glands.

Une fois la partie lancée, le but évident est de retrouver ces foutues clés. Les indices , aucun. Charly a estimé que mettre un porte clef visible à ses clés serait trop facile pour ses (ex)copains. Alors on a cherché au milieu des feuilles, le nez au ras du sol, imitation des chiens à truffe. On a rien trouvé , sauf une colère grandissante envers notre connard gentil organisateur.

 

Vu que notre recherche lui paraissait encore trop facile, il nous a proposé de grimper l'énorme terril que nous avions descendu plus tôt pour vérifier que ses clés ne se trouvaient pas au sommet. Honnêtement, il valait mieux que nous ne les retrouvions pas, car je pense que Ludo (son second ex copain) et moi les lui aurions caler bien profond dans le fondement pour être certain qu'il ne les égare plus.

Tout compte fait, on ne les a pas trouvé.

Vous ai je dit qu'on en était à 3 h de recherche sans ravito, sans eau ou presque et qu'il faisait froid ? non ? Charly nous a dit que cela pimentait le jeu.

 

finalement, nous avons réussi à joindre ma femme (oui car Charly ne connaît pas le numéro de la sienne ...) pour qu'elle vienne nous chercher.

Fin du calvaire.

Et non ! le jeu ne peut se finir ainsi. Si vous avez bien suivi, nous sommes trois égarés. Et ma voiture contient déjà ma femme et mes deux enfants. quelques secondes pour faire le calcul ...



Oh putain, il manque une place. Pas grave, il y a le coffre de la voiture. Mais qui va y aller ? choix cornélien si il en est. Le coupable de notre galère ? non, il préfère s'assoir à côté de ma femme. Mais qui alors ? Qui peut bien rentrer dans un espace exigu ? De qui se moque t on pour sa taille de Hobbit , hein de qui ?
Et me voilà à me faufiler dans la malle ...
Pas de ceinture, couché comme un clébard sur la moquette du véhicule afin de ne pas me faire repérer par les flics et j'entends Charly parler tranquillement avec ma femme. "Alors tu vois quand j'étais petit, j'habitais cette maison et blablabla ". Oh mon con, heureusement que tu cours vite.

 

Nous voici donc à Malplaquet, frontière française avec les douaniers en face de nous. Dans notre voiture,  Une (magnifique) femme, 2 enfants et trois gars puants, dégueulasses et sans papiers dont un dans le coffre. En gros, ça ressemble davantage à une prise d'otage ou à un passage en douce d'immigrés clandestins plutôt qu'au résultat d'un run and find.



Commencée dans la joie, cette organisation made in Charly va finir dans un avion direction la Syrie .

Au dernier moment, nous avons pris une petite rue parallèle non couverte par les douaniers qui nous mènera sans encombre à destination.



Voilà, voilà. Que dire de plus ? Nous avons été heureux de revoir Tron, Stan le chamoix et son géniteur, les filles du team TDC et consort qui restent les bienvenus lors de ces sorties réjouissantes.

 

Nous avons aussi été heureux d'avoir connu Charly. Je tiens à excuser son absence au travail demain , notre ami a préféré se terrer loin de chez lui pour éviter toutes représailles ...

J'ai toujours pas compris de qui il avait si peur .