mardi 2 août 2016

Transe gaule : le concept

Plutôt que paraphraser le site de l'épreuve, voici l'origine de la transe gaule expliquée par l'organisateur JB lui même :


Un Peu d’Histoire
 
C’est en lisant un reportage sur le TOUR DE FRANCE quelques années après sa création que le promoteur américain C.C. Pyle eut l’idée d’importer le concept de course par étapes aux USA. Il n’oublia pas d’y rajouter la démesure propre à nos cousins d’Amérique : sans bicyclette et à travers tout le continent ! Ainsi naquit en 1928 le Bunion Derby, première traversée des USA en course à pied, de Los Angeles à New York. Cent-quatre-vingt-dix-neuf coureurs, véritables pionniers, se lancèrent à l’assaut de l’Amérique et cinquante-cinq d’entre eux vinrent à bout des 5374 kilomètres reliant le Pacifique à l’Atlantique et découpés en quatre-vingt-quatre étapes. L’Histoire retiendra le nom de Andy Payne qui empocha la substantielle prime de 25.000 dollars attribuée au vainqueur. Une seconde édition du Derby se déroula l’année suivante dans le sens retour, mais cette fois l’organisateur en faillite ne put honorer les primes promises et l’épreuve disparut, vaincue par le crash boursier et la crise économique. Il faudra alors attendre cinquante-six ans pour que deux hommes décident de revivre l’aventure en 1985. La course-‘’duel’’ sera baptisée The Lou Gehrig Race for Life et après plus de 5500 kilomètres foulées dans foulées, l’Américain Marvin Skakerberg l’emporte pour seize petites minutes devant l’Anglais Malcolm Campbell. Sept ans plus tard, en 1992 les Américains Jesse Dale Riley et Michael Kenney annoncent une version modernisée du fameux Derby sous l’appellation de TRANS AMERICA FOOTRACE. Elle sera disputée à quatre reprises jusqu’en 1995, regroupant entre quinze et trente concurrents par édition mais, victime de la défection de son sponsor principal, elle disparaît à son tour… Plus près de nous, au premier jour du XXIe siècle, on change de continent pour la TRANS AUSTRALIA ‘’RACE OF FIRE’’ qui ne vivra qu’une édition tragique entre Perth et Canberra, marquée par le décès d’un coureur pendant l’épreuve. Les années suivantes verront deux éditions de la RUN ACROSS USA (2002 et 2004), nouvelle traversée entre Los Angles et New York et, entre les deux, c’est à son tour l’Europe qui s’y colle en 2003 avec la première TRANS EUROPE FOOTRACE organisée par nos voisins allemands sur plus de 5000 km entre Lisbonne et Moscou. Deux autres TRANS EUROPE auront eu lieu en 2009 sur 4488 km entre le sud de l’Italie et le Cap Nord puis en 2012 sur 4180 km du Danemark jusqu’à Gibraltar. En été 2011, une 10ème traversée des USA a été organisée entre Los Angeles et New York sous la nom de LA-NY Footrace. De 1998 à 2010, ont également été organisées 6 éditions de la DEUSCHLANDLAUF qui traverse l’Allemagne du nord au sud en 17 jours sur 1200 km.
 
De la Manche à la Méditerranée
 
Retour en France. Dans la lignée des monstrueuses épreuves transcontinentales qui font rêver les coureurs du monde entier, dans l’esprit des Pedestrians et de LA GRANDE COURSE DE FLANAGAN, deux amateurs français d’ultramarathon créent en 2001 LA TRANSE GAULE, traversée plus modeste mais néanmoins coast-to-coast (de la mer à la mer) de l’Hexagone, sous forme de course individuelle par étapes. Garantie sans déserts brûlants ni lignes droites infinies, à une moyenne quotidienne d’un marathon et demi. Une balade presque raisonnable, en somme… A peine 1200 kilomètres de course, des bords de la Manche jusqu’aux rives de la Méditerranée, à travers les vertes provinces de Bretagne, des Pays de Loire, de l’Anjou, du Limousin, de l’Auvergne, de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon, en privilégiant au maximum les routes secondaires à circulation automobile réduite.
Les règles de course de LA TRANSE GAULE sont délibérément aussi simples que de mettre un pied devant l’autre :
– une étape par jour, d’une distance comprise entre 49 et 77 kilomètres
– dix-neuf étapes en dix-neuf jours
– pointages internes quotidien (ne donnant pas lieu à la publication de classement)

 

Des règles qui réservent a priori le challenge à des coureurs d’ultra insatiables et possédant un sérieux background, tout en restant une épreuve raisonnable dans sa durée et à la portée de tout individu armé d’une solide motivation… A l’Homme rien d’impossible mais foi, audace, courage, enthousiasme et maîtrise de soi seront malgré tout des atouts indispensables pour relever le défi et le mener à bien.
L’organisation assurera des ravitaillements positionnés tous les 10 à 15 kilomètres mais les coureurs seront autorisés à se ravitailler par eux-mêmes en route (fontaines, bistrots, épiceries, chez l’habitant). Assistance personnelle autorisée sous certaines conditions. Un road-book détaillé du parcours fourni par l’organisation qui mettra en place le fléchage du parcours et assurera le pointages ainsi que le transport des bagages personnels des coureurs. Un hébergement sommaire (de type gymnase ou salle municipale) sera proposé à chaque étape (prévoir matériel de couchage minimum : duvet, matelas). La majorité des dîners (15/19) seront assurés par l’organisation :  pris au restaurant ou servis au gymnase par un traiteur ; Sur les quelques étapes sans dîner, des repas instantanés BOLINO sont à la disposition des coureurs sur le lieu d’hébergement. Une base de petit-déjeuner sera également assurée chaque matin à 5 heures.

L’Ultramarathon, un état d’esprit
 
LA TRANSE GAULE n’est pas une compétition mais est une course pédestre (du verbe « courir à pied »). Pourtant, plus que simplement participer à une course, prendre part à un ultramarathon itinérant par étapes reste en premier lieu une parenthèse en dehors du quotidien, une expérience personnelle à partager avec ses condisciples qu’on va côtoyer durant des jours et des jours, des nuits et des nuits, avec des bons et des moins bons moments… La volonté des organisateurs est de créer une épreuve où coureurs, bénévoles et suiveurs partageront, trois semaines durant, une véritable « aventure » non galvaudée, en commun et dans le climat de droiture, d’intégrité, de fair-play et de fraternité propre à ce type d’épreuve.


mercredi 13 juillet 2016

100 kms du sry Chinmoy



Ouvrez grands vos yeux et regardez l'horizon . Voyez vous le mouvement frénétique de cette petite tâche rose ?
Ben c'est moi qui court à poil dans Paris trop heureux du résultat obtenu !

De l'analyse de ses courses, on ne retire que du théorique qui nous sert de base et d'expérience pour l'avenir . Mais cela reste du théorique, parfois difficilement transposable à d'autres conditions.

Et puis quelquefois, on se retrouve dans un grand jour . Sûrement le même qui a permis à Moïse de marcher sur l'eau , à Damien de tenir 3 mois sans alcool ou à François de faire preuve d'abstinence pendant 24 heures ...
Ces jours là sont rares et magiques. Ils nous permettent d'atteindre une certaine plénitude et de toucher à la quintessence de ce que nous sommes. Ils nous offrent surtout des performances qui vont au delà de nos espérances.
L'effet pervers , chez moi, réside dans l'idée que je me fais de ces résultats . Je déteste me confronter à un temps que j'estime être ma référence ultime. j’exècre l'idée de faire moins bien et d'être mis face de ma méforme.
Du coup, je m'éclipse et vais tenter de nouvelles expériences pour éviter de me comparer à mon moi même passé.



Depuis mon 2h59 au marathon de Lille en 2012, je n'ai jamais cherché à battre ce temps. Au regard du résultat du jour, j'en suis sûrement capable mais je n'ose franchir le pas.
est ce que l'effet sera le même avec ce 100 kms ? l'avenir me le dira ...

En attendant , je profite et j'analyse ma course, éternel chercheur de la meilleure combinaison possible.

En ce dimanche Parisien , me voilà dans le bois de Vincennes pour participer à la 27ème édition des 100 kms self transcendence organisés par le Sry chinmoy team marathon.
Je viens ici pour tester ma forme et mon endurance 45 jours avant le départ de la Transe gaule. Secrètement, j'espère descendre sous les 9h et battre mon record de Stenweeck (9h20).


Sauf que le début du weekend n'a pas été de tout repos avec une sortie de 15 kms dans le bois de Boulogne (sortie course à pied ... je préfère préciser) ou je me suis longtemps demandé pourquoi les gens du coin accrochaient une écharpe colorée au rétroviseur de leur camionnette ...
Enfin, une après midi familiale consacrée à une virée touristique dans la capitale est venue achever ce sympathique samedi.

De retour dans l'appartement , les jambes bien lourdes, je pense enfin à me pencher sur les principales informations à connaître pour la course : heure de départ, lieu de départ ...
Sauf que je n'arrive pas à me connecter au site de l'épreuve. J'insiste, réitère ma recherche et le résultat reste le même : une magnifique page "erreur " s'affiche sur l'écran de l'ordinateur.
Je cherche les infos ailleurs sur la toile, trouve une adresse qui n'existe ni dans mappy ni dans mon gps et commence à légèrement m'énerver

Personnellement, j'ai une patience limitée fortement restreinte lors d'épisode de fatigue intense. Et là, je viens de marcher toute la journée ... Je dévisage  d'un regard noir l'ordinateur du frérot néo marathonien adepte de suppositoires , j'envisage sérieusement de lui faire faire un magnifique vol plané par la fenêtre.

L'énervement augmente et j'en viens à chercher une sortie longue de substitution faute de savoir ou me rendre le lendemain.

Mais le Captrail est un guerrier (sauf pour les tâches ménagères) et je décide finalement de me lever aux aurores et de me rendre dans le bois de Vincennes, sans coordonnées,  pour tenter de trouver le lieu de départ.



Le lendemain, je n'ai même pas eu le temps d'hésiter. Je tombe rapidement sur une flèche de l'organisation qui m'oriente efficacement vers le centre névralgique de l'épreuve. Inscription, retrait du dossard et on me conseille de m'enduire de citronnelle pour lutter contre les moustiques.
Comme je n'ai pas envie de luire comme François avant un triathlon ou d'avoir cette odeur persistante dans les narines pendant une dizaine d'heures, je préfère m'abstenir .

Un des membres de l'organisation m'expose le topo de la journée : un tour de 1610 m à courir 62 fois avec deux ravitos par tour.
Ce tour se situe dans les bois, sous la fraicheur bienvenue des branches de différentes essences . D'abord légèrement descendant puis légèrement montant, il offre un paysage riche qui permet de ne pas basculer vers une monotonie parfois lassante sur ce genre d'épreuve.




Chaque coureur est suivi par un membre de l'organisation qui surveille son "poulain" à chaque passage sur la ligne d'arrivée. Les bénévoles resteront concentrés toute la course, encourageant sans interruption les concurrents en les appelant par leur prénom. Cette particularité a  pour conséquence de rendre l'épreuve familiale. Au grès des rotations , j'apprends à connaître le petit nom de tout ce beau monde. Au grès des rotations, j'échange quelques mots avec les différents membres de l'épopée du jour.

J'aurai ainsi la chance d'échanger quelques mots avec Stéphane Mathieu, vainqueur de la mil'kil et pas avare de conseils pour ma future Transe Gaule. De même je croiserai Charles "Hercule" Payen, multi finisher de tout ce qui a pu être inventé en course à pied longue distance et qui m'a conseillé pour le couchage ...
merci à eux pour toutes ces infos !

Côté course, je pars tranquillement au rythme que je m'étais imposé (5'24/km). Rapidement, je sens que je suis bien et que j'arrive avec facilité à tenir un 5'10 / km sans que cela ne m'use exagérément. Nous enchaînons les tours, je me retrouve 5ème doublé 3 fois par 2 concurrents qui doivent viser le record du monde du 100 kms.



Progressivement, ces fameux coureurs commencent à baisser pavillon . Imperceptiblement, je ne les vois plus derrière moi, débouler comme des dératés . Nos allures s'équilibrent, se neutralisent à l'approche du 50ème km que je passe en 4h20.

Les sensations sont excellentes. Sans m'en apercevoir et sans vraiment  le décider , mon rythme augmente sensiblement . En l'espace de quelques kms je double tout le monde pour me retrouver en tête vers le 70 ème km.

Sur les 100 kms de Steenwerck, un habitué de ce genre d'épreuve m'avait prévenu qu'un cent bornes ne commence vraiment qu'à partir du km 75 ou se cache , comme d'habitude , le fameux mur .
Aujourd'hui, je franchis cette barrière sans difficultés l'allure augmentant encore .
Je ferai les derniers 42kms en 3h11, et les derniers 50 en 3h46.




Je boucle cette ultime épreuve de préparation à la transe gaule en 8h06. soit 1h14 de moins que mon record précédent.

Il faut avouer que les conditions pour performer étaient réunies : ravito complet à chaque tour (donc pas de sac sur le dos), temps clément ( ni trop chaud, ni trop frais ), perte de poids conséquente et entraînement assidu .

Côté organisation :
- parfaite. Le système de tour ne nécessite pas un grand contingent de bénévoles et permet de contrôler facilement tout ce qui se passe.
- 2 ravitos complets : le premier avec diverses boissons et denrées alimentaires, le second avec de l'eau.
- bénévoles sympas, cadre agréable, boisé permettant de rester à l'abri des rayons abrutissants du soleil.
- peu de coureurs , regrettable tant l'ambiance fut familiale.



Je repars donc de cette étape parisienne avec beaucoup de confiance et de certitude sur mes capacités d'endurance. Reste maintenant à les appliquer sur une course à étapes.
La question qui se pose dorénavant est de savoir quelle stratégie élaborer pour la transe gaule . J'ai ainsi une crainte , c'est d'être aspiré par l'avant de la course et me brûler des ailes en partant trop vite ...

Il va donc falloir faire preuve de retenue et de clairvoyance en se préservant le plus longtemps possible. L'objectif de l'été sera "simplement" de terminer et si possible d'épingler une étape (j'ai ciblé la dernière, celle ou on arrive à la maison !)



Place maintenant à la dernière ligne droite de l'entraînement.
Les amis, tout va bien !

résultats ... ici !



jeudi 16 juin 2016

xterra full Belgique



Là, on parle de lourd. Pas la course au saucisson du fin fond de l'avesnois.
Non, on parle d'une épreuve nationale intégrée à un circuit international qui passe par l'Afrique du Sud, le Brésil, la Malaisie, la Grèce, le Costa Rica ... et Namur.



C'est clairement moins sexy . Pas de perroquets multicolores, ni d'eau turquoise. Pas de beach volleyeuses, ni de travelos avec une plume dans le fion qui dansent la samba.
Rien de tout ça dans le coin. En Belgique, la spécialité locale reste la pluie.
Cette flotte qui tombe sans interruption depuis des jours, qui imprègne les sols imbibés jusqu'à la gueule et recrache une boue aussi collante que glissante. Rien de plus normal, nous sommes en hiver.

 Quoi non ? c'est juste qu'on est en Belgique et que l'été commence le 14 août pour se terminer le 17 août ? Ah d'accord, première nouvelle!

Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas avec cette épreuve que le tourisme va se développer ...
J'ai une petite pensée pour les concurrents Algériens, Brésiliens, Néo Zélandais ... qui ont l'habitude de nager dans ça :



et à qui on a proposé de barboter dans ça:



Quel choc psychologique énorme ont ils du ressentir ? A t on pensé à la souffrance des sportifs de haut niveau ?
Dans ces conditions, rien de plus normal que de vouloir boycotter la partie natation. On a voulu nous faire croire que le courant était trop fort, que la sécurité ne pouvait être assurée ... balivernes et billevesées . Les étrangers voulaient pas chopper la rage du nénuphar , le chikungunya du poisson chat et autres maladies endémiques qui entraînent autant de difformités physiques en Belgique que la consanguinité.

J'étais dépité. Pour un gars comme moi  immunisé contre toutes ces saloperies , et dont la natation est un point fort , cette annulation fut un crève cœur .
Mais pas autant que pour François.

Cet homme n'est ni un nageur particulièrement efficace, ni un adepte des longues séances en piscine. Ce gars a d'ailleurs ses propres motivations pour faire du sport . Ni la perte de poids ( l'individu est aussi sec qu'une fricadelle déshydratée ) ni la compétition, ne le stimulent plus que ça.
Lui , son truc c'est la gent féminine.

Pas de natation = pas de filles en maillot. Il a fallu qu'on s'y mette à 4 pour l'empêcher d'éviscérer les organisateurs.
Alors quand , en plus, on lui a expliqué que le X devant le "terra" n'impliquait pas forcement de se balader à poil, le pauvre homme a fondu en larmes , anéanti.

 

Tant d'efforts pour se forger ce corps de rêve, tant d'heures à s'appliquer de d'huile de foie de morue pour être tout luisant le jour J et c'est un rêve qui se brise .

François est prêt à tout pour partager le quotidien de filles affutées et sexys. Après des années de zumba, de pompom girls et de twirling bâton, il a estimé que le triathlon représentait la discipline qui lui convenait le mieux.
En effet, lors de ce type d'épreuve , les dames sont équipées de tenues hypers moulantes ne cachant rien de leur anatomie. François aime les trifonctions, surtout celles ou le prénom de la demoiselle est écrit sur ses fesses. François ne mate pas, il se cultive en révisant le prénom des athlètes des différents pays.

Faut avouer que le monsieur a une grosse ... mémoire. Après cet xterra , il est capable de vous sortir, de tête, la composition exacte de l'équipe féminine Française, Italienne ...
Mais François est aussi un novateur, une personne qui permet au sport d'avancer. Il est au triathlon ce que Fosbury est au saut en hauteur : un démiurge technique. Aussi a t il proposé à la fédération internationale de rajouter sur la trifonction , au dessus ou en dessous du prénom de l'athlète ( il n'est pas exigeant sur ce point ) son numéro de téléphone.
Oui, François est romantique ...mais même si il est là pour "admirer le paysage" (véridique) , il va falloir quand même se farcir 4kms de trail enchaînés avec 32 kms de VTT et 9 kms de trail.

Sur le papier, les distances ne sont pas impressionnantes. Sur le terrain, ce fut tout autre.
la première partie course à pied (qui a remplacé la natation) affiche un peu plus de 100 m D+. Rien d'insurmontable et cette portion a finalement pour seul but d'étirer le peloton de 650 concurrents.



Les chemins empruntés sont secs et présentent une alternance de single tracks en forêt, de sentiers plus larges , de secteurs pavés, d'escaliers, de bitume et de graviers. Un cocktail sympathique ou la monotonie est exclue. On monte, on descend,  parfois de façon assez abrupte. Peu de pauses dans ce circuit tracé au milieu des remparts de la citadelle dont Vauban est l'architecte.

Au final, ces 4 kms furent trop courts pour créer de réels écarts et permettre d'étirer tout ce monde.
De mon côté, je suis resté engluer dans la masse, au ralenti , incapable de doubler sans prendre certains risques au niveau des appuis. Je sors de cette partie en 172ème position.



La transition effectuée, de façon plutôt correcte, j'enfourche mon VTT pour me lancer à l'assaut de ces 32 kms de VTT et 1200 m D+. Cette portion se compose d'une boucle  de 16kms à parcourir 2 fois. Son profil propose 4 grosses difficultés, enchaînées avec 4 grosses descentes.

Le densité de concurrents sur ces sentiers étroits est énorme. Nous nous retrouvons rapidement cul à cul, dépendant de la qualité technique de notre prédécesseur. Lorsqu'un vttiste met pied à terre, tous ses poursuivants l'imitent de façon plus ou moins contrainte. Les gestes d'humeur entre sportifs se multiplient, les remarques fusent. Certains insistent et forcent les dépassements au grand dam d'autres cyclistes. L'ambiance électrique est accentuée par la nervosité d'une italienne , peu respectueuse d'autrui qui hurle les "please, right , right, please !
"oh cocotte , on est bloqué ! alors à moins de savoir voler , ou que François veuille de transporter sur ses épaules, tu vas te calmer !"



Le plaisir est pour l'instant absent et je passe plus de temps à courir qu'à pédaler . Je grimperai au final 2 côtes sur 8 à vélo sans pour autant perdre beaucoup de temps. Je galope aussi vite que ceux qui restent sur leur bécane.

La première difficulté est monstrueuse : raide , boueuse, entourée de ronces. La descente qui suit n'offre guère de répits. Une "légère" couche de terre humide , ultra glissante , fait chasser la roue arrière de tous les côtés. Je vois des mecs partir en soleil avant, d'autres se ramasser la gueule dans les fourrés et j'y vais d'ailleurs , moi aussi de ma petite chute sur l'épaule, heureusement sans gravité.
Je subis le terrain plus que je ne le dompte.

 

Comme à Jurbise, je me fais régulièrement dépasser et comme lors ce duathlon hivernal, je suis bien conscient d'être un obstacle pour mes poursuivants. Je manque clairement de technique dans les parties délicates , par contre je n'ai aucune appréhension dans les descentes que je dévale à tombeau ouvert.

Les rares moments ou le revêtement le permet, je rattrape du monde. Mais ces instants sont aussi exceptionnels que les poils sur le torse de Damien.

Car François n'est pas mon seul acolyte du jour. Et non, je suis chanceux , j'ai hérité des tics et tacs du team madres.
Que serait Laurel sans Hardy ? Que serait Bonnie sans Clyde ?et que serait François sans Damien ?
Pas grand chose, je le crains.



Notre ami est un sportif récent qui a commencé l'activité physique depuis peu. Cet Xterra est un objectif pour lui. Il a vite intégré les us et coutumes du triathlon : épilation intégrale , tenue moulante et muscles saillants, un peu comme pour les chippendales !

Sa principale motivation reste l'alcool. Le gus court pour pouvoir boire à l'arrivée.
Il a adapté sa préparation en fonction de cette mentalité et a amélioré toutes les techniques connues de développement de la VO2max .
Son secret est en fait très simple : un harnais autour de la poitrine , duquel s'élance une canne à pêche au dessus de sa tête , au bout de laquelle pend un fil hameçonnant une bouteille de bière .
Le concept est simple mais terriblement efficace .En fonction de son objectif qualitatif de séance il pend une marque de bière différente.



Pour travailler l'endurance, une vulgaire Kronenbourg fait l'affaire.
Par contre, pour une grosse sortie à vive allure, rien ne vaut la jonquille dont Damien est si friand !
Et les résultats sont monstrueux !

 

En me traînant sur mon vélo, je jette régulièrement un coup d'oeil vers l'arrière pour voir si un des tics et tacs me rattrape. Pas que ce serait la honte de se faire doubler mais entre un poivrot et un obsédé, je préfère me retrouver devant .



Vers la fin du premier tour, l'inévitable se produit. François , dont la spécialité (hormis la drague) reste le vélo,  me rejoint. On discute, je prends de ses nouvelles , lui donne des conseils. Le pauvre souffre déjà de crampes mais réussi tout de même à me larguer lors d'une portion technique en dévers.

J'enrage, j'essaie de le garder en ligne de mire et je me sors les tripes pour l'avoir toujours en visuel. Malheureusement, je sens que ma roue arrière se dégonfle. Aïe, crevaison lente. Il me reste 10 bornes , que faire ?
J'abandonne la chasse et laisse partir François vers un résultat qui va longtemps m'agacer .

 J'opte finalement pour un regonflage de la chambre à air afin de perdre le moins de temps possible. Les arrêts vont se succéder (4 exactement) et me permettront de limiter la casse.
Le parcours VTT se termine par la descente d'un escalier aux grandes marches. La jante de ma roue crevée tire la gueule à chaque impact et fait résonner un bruit métallique qui n'a rien de rassurant.
Finalement j'en termine enfin avec cet enfer au bout de 2h18 de vélo et un 198 ème temps ...

Je passe en mode guerrier , les baskets aux pieds , je suis prêt à partir comme une flèche pour essayer de rattraper François. Je ne suis pas entamé, voilà des semaines que je travaille mon endurance en vue de traverser la France en courant.
Je commence ma remontée fantastique, doublant les concurrents à la pelle, chaud comme un François face à Paula Radcliffe.
Je double des vieux, des grands , des petits mais pas de François. Mon 24 ème temps en trail ne me remonte même pas le moral lorsque je franchis la ligne d'arrivée.



On va l'entendre le vieux barbu se la raconter pendant des décennies !
Je rejoins la zone d'arrivée pour boire un coup et admirer le sourire étincelant de notre ami . Mais là, personne . Les possibilités sont limitées :
- soit il a fait une syncope face à ce résultat inespéré,
- soit il s'est trouvé une fille et lui explique ses grandes idées pour révolutionner le triathlon.
J'attends donc sa sortie du poste de secours ... ou des buissons environnants mais toujours pas de François . Étrange ...

Sur ces entrefaites,  Damien termine et m'annonce que François est derrière et ne l'a pas doublé de la course . C'est quoi ces conneries ?

Nous patientons , et voyons finalement débouler le François frais comme un gardon qui franchit la ligne d'arrivée dans une forme olympique.
Nous somme suspendus à ses lèvres , en attente de ses premières impressions. Son regard se tourne vers le tableau qui affiche les résultats, puis se pose sur nous. Ces instants sont irrespirable ...
On attend une phrase au moins aussi poétique que le " quand les mouettes suivent le chalutier, c'est qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines " d'Eric Cantona .
Il ouvre la bouche, la referme, se passe la langue sur ses lèvres un tantinet sèches et déclare : "je vois que Chloé a fini devant Adeline ". Qui sont Chloé et Adeline ? Nous n'en savons rien . Ce mec est trop fort pour nous. Il est capable de faire une course , tout en étant spectateur de la bagarre féminine. Je comprends mieux son obsession pour les trifonctons .

 

 En observant son  GPS, nous nous somme rendus compte qu'il affichait 60 kms là ou il y aurait du avoir 46 bornes. En analysant sa trace GPS , nous nous sommes aperçus qu'il avait multiplié les allers retours entre ces demoiselles pour prendre de leurs nouvelles, les accompagner (en tout bien tout honneur, c'est François quand même ...), les ravitailler ...

L'arrivée de l'ultime membre de l'équipe des tics et tacs sonne le glas du versant sportif de notre journée. Les deux belges se jettent sur le bar, commandent suffisamment de bières pour s'assurer une surhydratation et , toute fatigue envolée , commencent à réfléchir à leur soirée qui s'annonce festive.

Ainsi se termine ce premier Xterra Belgium, dans la joie et la bonne humeur !
Cependant , si vous avez bien suivi, il reste à résoudre l'énigme du François survolté qui m'a doublé en vtt . La réponse , en fait, est très simple . Ce n'était pas lui, j'ai tapé la discute, blagué , traité d'obsédé ... un gars barbu en trifonction noire qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à notre ami mais qui n'était pas lui . Le mec a du me prendre pour un dingue !

Ou alors,- début du générique d'xfiles- la vérité est ailleurs !

Côté organisation :
- les 4 kms de trail n'ont pas suffis à étirer le peloton et la distance de ce préambule était la même que pour le lite ... Peut être aurait il fallu doubler la distance initiale ?

 

- les bidons de ravitaillement distribués ne correspondaient pas à la taille des porte-bidons et se barraient au moindre impact. la forêt était parsemée de bidons perdus .

 

- Pour le prix d'inscription, un tour de tête et une minuscule médaille étaient un peu limite .

 

- L'organisation générale fut nickel : balisage, entrée parc à vélo ...
- arbitres sympas et pédagogues

 

- bénévoles au top
- ravitaillements nombreux

Côté course :
- je termine finalement 127 ème en 3h24min :
172 ème temps sur la première portion de course à pied
198 ème temps sur la portion VTT
24 ème temps sur la seconde partie trail.
l'analyse des résultats est simple et on constate aisément l'embouteillage que nous avons eu à subir sur la course à pied initiale.
- Damien termine 225 ème en 3h43 (225/273/175)
- François termine 292 ème en 3h56 (370/341/187)
- je boucle ce weekend en réalisant 35 kms de course à pied le lendemain matin. sans séquelles physiques.

J'ai encore du mal à évaluer le plaisir que j'ai pris lors de cette épreuve. Trop crispé en VTT , totalement euphorique en trail ...

Ce qui est certain , c'est que je trouve ce type d'épreuve peu traumatisant et relativement "facile" : les distances sont courtes et si on ne joue pas le classement on peut quand même pas mal gérer.
A première vue , mon objectif de réaliser à court terme, un triathlon distance ironman se précise. Reste à trouver le temps de le caser au milieu du calendrier course à pied ...

Prochain gros objectif en sports enchaînés : le winterduathlon Kasterlee en décembre
Prochain objectif course à pied : les 100 kms du Sry chinmoy le 26 juin

résultats ... ici !

mercredi 8 juin 2016

marathon du Mont Saint Michel


 Souvenez vous votre première fois ...
Chez moi ça avait été long, plus long que jamais d'ailleurs. Tellement long que mes muscles en ont gardé des séquelles pendant plusieurs jours.
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et la force de l'habitude a altéré ma perception de LA distance mythique en course à pied : le marathon.

Cette épreuve ne me fait plus peur. Elle me permet de voyager, de découvrir des lieux , des villes et des spécialités. Elle est devenue un prétexte, là ou elle représentait un défi. Elle est devenue une étape dans ma préparation , là ou elle symbolisait l'objectif d'une année.

Cette banalisation me fait souvent oublier les sentiments et les sensations ressentis lors de cette première fois . Les interrogations sur son entraînement, son ravitaillement ou son allure sont autant de questions qui ne trouveront réponses qu'au bout de ces 42, 195 kms.




Alors , lorsque mon frère et 3 de ses copains envisagent de s'inscrire au marathon du Mont Saint Michel pour réaliser le plus gros défi de leur vie sportive, hors de question que je loupe ça !

Notre aventure débutera par la partie la plus difficile mais aussi la plus importante : la préparation.
C'est à ce moment là qu'une réussite se construit ou qu'un échec se profile. C'est à ce moment là qu'on cherche à engranger des kilomètres pour vaincre au moment opportun le fameux "mur du trentième" .

Nos 4 héros ont vécu cette période différemment :
- Stéphane, le plus expérimenté du groupe, a déjà réalisé un marathon ainsi que quelques trails longs. Il sait à quoi s'attendre et connaît les difficultés auxquelles il va être confronté. Alors il fait profil bas, plutôt serein, il sait qu'il peut le faire.
- Guillaume, 25 ans, lui, ne sait rien. C'est un aventurier. Il a déjà été confronté au mur du 18ème sur semi marathon. Mur dont il est l'inventeur et que l'on a renommé en  hommage : "le mur de Guillaume". Il va devoir réaliser le double de la distance maximale qu'il a déjà couru .
- Thibault , le plus rapide du groupe,  mais victime d'un accident de scooter au milieu de sa préparation. Du coup, il n'a qu'un mois d'entraînement dans les jambes et ne sait pas ce dont il va être capable. Attention, individu sujet aux flatulences et désagréments intestinaux.
- Cédric, mon petit frère, stressé de nature. Préparation chaotique gênée par son TFL, création tardive de semelles ortho mais utilisation de celles ci sur des anciennes chaussures déformées. A tout essayé pour lutter contre la douleur : kiné, ostéo, acupuncture, marabout, danse des indiens, poupée vaudou, sacrifice animal ou course à cloche pied. Lui aussi n'a qu'un mois complet d'entraînement sérieux.

Voilà donc le groupe que j'ai intégré. Vu les bras cassés , on va bien se marrer. Sur le coup, j'ai eu l'impression de vivre un "very bad trip" version course à pied . Et j'étais loin de me douter de la suite des évènements ...

Autre moment important : la dernière semaine avant l'échéance.
Le stress gonfle d'heure en heure.

- Côté entraînement, une dernière séance tranquille en début de semaine puis repos complet. Sûr qu'ils vont arriver frais avec 5 jours entiers de récup !





- Côté alimentation, nous avons affaire à des intellectuels. Recherches intensives , lectures ciblées. Régime dissocié scandinave en option privilégiée .
J-6 à J-4 : aliments hypoglucidiques, hyperprotéiques et hyperlipidiques.
J-3 à J-1 : recharge glycogénique
J'y ai rien compris, eux non plus, pas sûr qu'il l'ait suivi jusqu'au bout.
En tout cas, vu la tronche de la glace qu'ils se sont enfilées la veille à Saint Malo, il n'y a pas à douter que leur batterie glucidique soit rechargée au maximum.

- Côté vestimentaire, il est temps d'enlever les étiquettes des nouveaux t shirts. Guillaume l'aventurier a décidé de tester son matos directement en course. Des frottements ? pour les autres. Des irritations ? pour un mec qui a survécu au "mur du 18ème" rien d'impossible. Un vrai groupe de professionnels.

L'excitation est à son comble . Le moment du retrait du dossard marque vraiment l'entrée dans la compétition. On pénètre dans le village des marques ou chaque stand loue la déesse course à pied.
Les bonhommes sont chauds, prêts à en découdre. L'émulation leur fait même modifier leur sas de départ. 4h15 ? pour les chochottes. 4h ? on est pas là pour trier des lentilles. Ce sera finalement 3h45.
Quelques photos, une analyse aiguë du parcours et des points de ravitaillement, un inventaire des cadeaux reçus et quelques minutes de marche sur les remparts de Saint Malo boucleront cette après midi  . Les embruns iodés respirés à plein poumon resteront comme les derniers moments de calme avant le déferlement de la tempête physique.

Les traits fermés, la pasta party de veille de course ressemble à une veillée funèbre. De petites douleurs se font ressentir, et si j'étais malade ? si j'avais contracté la peste ou le choléra dans ce pays brumeux.
Les échanges autour de la table sont superficiels, on tente de rigoler pour dédramatiser l'évènement. Les plus expérimentés s'amusent à rendre le moment plus solennel, à raconter leurs souvenirs de vieux combattants.
Chacun rejoint finalement sa chambre, laissé seul face à lui même, laissé seul face à ses incertitudes.
Demain, nos 4 camarades ont rendez vous avec leur histoire.

Parfois, une nuit peut paraître courte. On tourne, on se retourne, et si j'avais fait ça, et si j'avais mangé ci, et si , et si .

Trop tard, il faut se réveiller, se lever et entamer les rituels d'avant course.
Chez vous, chez moi comme chez Zizou, les habitudes restent souvent inchangées. "D'abord la chaussette, la gauche , toujours". Mais chez nos compagnons, j'ai découvert une technique insoupçonnée : le suppositoire.
Afin d'éviter les désagréments d'un déjeuner trop tardif ou trop copieux qui pèserait sur l'estomac , pourquoi ne pas s'enfiler une torpille laxative ?
Je ne vais pas commencer à exposer ma science sur l'innervation excessive de l'anus et de sa réponse quasi instantanée à toute pénétration intrusive mais tout de même ... il valait mieux anticiper le passage aux chiottes pour éviter les affluences des grands jours .

Les intestins vides, les 2be3 sont prêts à partir à l'assaut de la bête.
Merde ! on a oublié nos vessies ! petit tour dans un coin pour éliminer les quelques centilitres d'urine.
Leur regard reflète leur état esprit : yeux hagards symbole d'une petite nuit, jambes flageolantes face à l'incertitude du résultat.
Ces quelques minutes avant le départ sont longues. Le stress s'accumule, l'immobilité dans le sas fait monter la pression qui s'envolera dès le franchissement de la ligne de départ.
J-2 minutes. Les sons de cornemuse dressent les poils sur les bras. Des sourires crispés sont collés sur le visage et tentent de faire bonne figure.
Un pas, encore quelques autres et nous rentrons enfin dans le vif du sujet ...

Ma stratégie de suiveur va aujourd'hui être simple : je vais tenter de faire un petit reportage vidéo chaque 5 kms pour sonder le ressenti du boys band et anticiper leur déchéance programmée. Voir les traits qui se tirent, la foulée qui s'écrase, la confiance qui s'effrite et accessoirement encourager , donner quelques conseils et servir de poubelles ...car , contrairement à ce qu'on pourrait croire , je ne suis pas qu'un pourri. J'ai un petit cœur qui bat sous cette carapace de cynisme.



Km 5, 10, et 15. Le refrain reste le même : "trop facile !" L'allure est en deçà des 3h45. Ils sont beaux , ils sont chauds, espérons qu'ils ne le soient pas trop quand même. Je ne cesse de leur répéter de ralentir, si vous êtes bien , c'est que vous êtes trop rapides, vous devez vous faire chier en ce début de course.
Mais non, ça crâne , ça sautille avec des petits bonds à la Aldo Maccione. Je crains à tout moment qu'ils me tapent une petite roulade sur le bord de la route pour me montrer combien l'effort prédit est surfait.
Chantez, chantez , on en reparle dans quelques minutes !

Et effectivement, à l'approche du semi marathon, j'entends les premiers "le genou commence à me faire mal", qui remplacent les "j'ai un peu mal au bide" du début d'épreuve. Pourtant, tout va encore bien. L'allure ne diminue pas , la respiration s'est légèrement accélérée mais rien de bien méchant. Les gaillards sont encore pour quelques kms dans une zone connue.

Km 30 , terra incognita. Le fameux mur les attend. Le sourire disparaît, les dents se serrent.La grenade est dégoupillée. Le groupe explose. Il y en a de tous les côtés.
Les petites blagues du début ne sont qu'un souvenir. Pas un pour me faire quelques entrechats ni pour marcher quelques mètres sur les mains. Je suis déçu, les saltimbanques sont visiblement à la retraite. Par contre, les acteurs du 7ème art sont de sortie : de vrais palmes d'or du film dramatique.
En voilà un qui grimace la face maculée d'un crachat mal éjecté. En voilà un autre qui rampe à quatre pattes pour gagner quelques cms.
C'est vraiment pas beau à voir. D'autant que leur déchéance physique s'accompagne d'un dégoupillage mental . Ils déblatèrent n'importe quoi , du simple "je commence à avoir des crampes" , au plus étrange "je sens que je rentre dans un état second" (véridique), sûrement un effet secondaire du suppositoire ...
Je commence toutefois à m'affoler lorsque arrive le "je sens que j'ai les larmes qui montent" (véridique aussi). Normalement , cet état est sensé se déclencher à l'arrivée, pas 10 kms avant !



A la guerre, seuls les braves restent debout. Rien ne les empêchent de boiter .
Je prends enfin du plaisir à être sur cette course. c'est vrai que jusqu'à là , c'était trop beau, trop facile mais là, tout devient plus intéressant.J'ai l'impression de rentrer dans la peau qui me convient le mieux : le sergent chef formateur de bleus bites.



"Tu marches pas, tu cours ! Il reste plus rien avant d'arriver. La douleur c'est dans la tête"
"mais je peux plus, j'ai des larmes dans les yeux,je dois marcher David"
"pas David, appelle moi chef (ou dieu c'est toi qui vois). Ta mère a du croiser une tortue pour engendrer un mec comme toi !"

Bon là je me suis rendu compte que sa mère c'était la même que la mienne et du coup c'était moins marrant.

Finalement, j'ai consenti à lui octroyer quelques pas de marche tout en lui posant un ultimatum : "Au poteau du recours , feignant" (un brin d'encouragement , ça motive et ça ne coute pas grand chose)



Km 40 , dernier ravito. Le seul que l'on peut se permettre de sauter. On a pas dû le dire à mon frère. Il a oublié qu'il était sur une course et se transforme à vue d’œil en critique gastronomique. C'est la seule explication que j'ai pu trouver quand je l'ai vu bouffer tout ce qui était à sa portée. Les mélanges sont saisissants : tucs et raisins secs, saucissons et bananes, peaux d'oranges et rillettes.
Pas la peine de chercher le nouveau top chef. Il est là.
Un dernier gel coup de fouet par dessus tout ça et c'est reparti comme en 40 !



Le bonhomme a une forme hallucinante pour une fin de marathon . Le fait que nous soyons resté 45 minutes  au ravito n'explique pas tout mais aide à comprendre. Les ultimes hectomètres se font à belle allure. Plus besoin de l'encourager. De toute façon, il n'entendrait rien,  il s'est tellement empiffré au ravito qu'il chie des rillettes par les oreilles.



Un dernier sprint pour doubler son assistant et dire qu'il a fini 2543 ème au lieu de 2544ème (merci) et c'en est terminé de ce fantastique défi en 3h54min.
Les marches qui se présentent à la fin seront délicates à aborder, Cédric préfère se jeter la tête la première plutôt que soutenir le poids de son corps endolori.
Nous retrouvons Guillaume qui a réussi à nous devancer de quelques minutes et qui présente une sérieuse hypothermie . Il est tout blanc, frigorifié et me pique toute mes affaires de rechange (même mes manchons de course plein de transpiration et de morve ).
Stéphane arrivera quelques instants plus tard, déçu de son résultat.
Thibault nous aura foutu une sacrée rouste qui m'incitera à l'avenir à tester son suppositoire .

Les poetics lovers ne sont pas beaux à voir. Cette vidéo décrira mieux la situation que de longs discours.



Quelques jours plus tard il n'y paraîtra plus rien. Quelques jours plus tard, leur vie ne sera plus la même. Car eux, ils l'ont fait. Et vous ?



résultats : ici !
dessins issus du formidable livre / Site : DBDB

Annexes :
-J'ai été surpris par le parcours, assez décevant. Le départ à Cancale est magnifique , l'arrivée sur le promontoire face au Mont Saint Michel, un peu lointain. Entre les deux : de longues lignes droites.
- J'ai encore pu réaliser un bel enchaînement : 33 kms le samedi et 45 le dimanche. Pas de bobos, la préparation pour la transe gaule continue à se dérouler parfaitement.
- Prochain défi, le triathlon xterra à Namur .

- Raid Artois Opale annulé à cause de la météo.



mardi 24 mai 2016

trail de la fraise : l'éverest 40 kms

L'objectif de cette fin de semaine était de réaliser un premier weekend choc afin de se préparer au mieux à la TranseGaule estivale.
Dans les faits , j'ai réalisé le off de l'étrange avec Ben l'alchimiste samedi (36 kms 700 D+) et les 40 kms du trail de la fraise dimanche.




Cette course, je la connais. J'ai déjà pu la faire deux fois sous la canicule en 2012 et en 2013 . Mais aujourd’hui c'est différent : pas de chaleur, de la pluie, de la boue , un peloton clairsemé et une vieille connaissance : Sébastien Beaussart.



Seb , c'est un peu mon frère jumeau. En plus vieux, en moins beau et qui a mangé plus de soupe. En fait, on ne se ressemble physiquement pas plus que ça mais on a une particularité commune : on termine toujours nos courses dans les mêmes temps. En général, je le précède de quelques minutes mais je n'ai aucun mérite le monsieur est vétéran ... l'âge pèse douloureusement sur ses frêles épaules.

Seb , comme le bon vin, vieillit particulièrement bien. Il vient d'enchaîner le marathon de Paris (3h04), les 100 kms de Steenwerck (9h26) et tout un tas d'autres épreuves aux noms qui donnent envie de se déplacer (ou pas ) : le doux enfer, le patois ...

Sauf qu'aujourd'hui, la situation est différente. Le peloton est peu nombreux et comme j'ai pu le vivre de nombreuses fois, cette pénurie de participants offre parfois l'occasion de monter sur la boîte. Chose suffisamment rare dans notre sport et qu'il faut savoir apprécier à sa juste valeur.

Du coup, Seb part tout de suite en tête précédé par un ouvreur vélo qui va vivre l'enfer sur toutes les parties boueuses du circuit. Notre ami prend rapidement de l'avance et entame les premiers chemins .
Au grès des portions , nous l'apercevrons encore quelques temps avant qu'il ne disparaisse totalement à notre vue.

Derrière, je me retrouve dans un groupe de trois coureurs, le temps que les jambes chauffent et oublient les 40 bornes de la veille. Étonnamment, je me sens en forme et je m'aperçois même que le rythme devient trop lent pour moi . Je passe un moment à discuter avec d'autres concurrents avant d'accélérer légèrement.

D'un coup je me retrouve 3ème. Terminée la volonté de faire la course en touriste. Si il y a un podium à accrocher, je ne vais pas laisser passer l'occase.

Le sol boueux me permet d'apercevoir les traces de pas de mes prédécesseurs. Je m'amuse à mesurer la distance entre deux marques et à les comparer aux miennes pour savoir si je vais plus ou moins vite qu'eux.
Rapidement le second pointe à l'horizon.

Je décide de boucher rapidement le trou quitte à me reposer ensuite dans son sillage. Après l'avoir rejoint et échangé quelques mots, je m'aperçois à nouveau que je ne suis pas à mon rythme. j'accélère, le dépasse et récupère la seconde place.

Le temps est lourd, la pluie pour l'instant fine ne me dérange pas plus que ça. le parcours emprunte des parties roulantes (chemins, pavés ...) et d'autres plus fatigantes car très boueuses (notamment dans les vergés). Cette épreuve ne présente aucune difficulté technique (si on excepte les ponts glissants, les fossés et quelques passages protégés entre deux fils barbelés), ni aucune côte. C'est du roulant pur jus.

La présence de ravitos fréquents et complets permet de partir léger et le balisage parfait n'entraînera aucun stress au niveau de l'orientation.

Le seul hic, pour moi , arrive au 25ème km lorsque nous rejoignons les 1500 concurrents lancés sur les chemins du 15 bornes.

A partir de ce moment, la course toute en régularité est abandonnée au profit d'une allure davantage fractionnée faite de légères accélérations pour doubler les coureurs et de ralentissements lorsque nous sommes bloqués. Dans les parties boisées, ou l'espace est réduit, je tente de me faufiler sur les bords, dans les orties. J'entends les gens râler, je peux le comprendre mais je n'ai pas envie de perdre ma seconde place .

Cette façon de courir , irrégulière est beaucoup plus usante . J'ai l'impression de participer à une séance d'entraînement type 30/30. Le sol plutôt propre jusqu'à là , devient de plus de plus défoncé par le passage des cohortes de concurrents.

 


les joelettes, modèles de courage et de don de soi m'obligent à slalomer au dessus des ornières. Je reste attentif à tout ce qui m'entoure pour éviter un mauvais appui ou une glissade non maîtrisée.

J'avais peur de voir ma forme déclinée avec l'avancée des kms et c'est l'inverse qui se produit, l'euphorie me gagne. D'autant que j'aperçois le premier , Seb, casquette à la Thévenet , vissée sur la tête et foulée plus aussi aérienne. Je le rattrape, nous échangeons quelques mots et décidons de finir ensemble. C'est cool de partager ces moments. L'un comme l'autre nous sommes bien conscients que si nous en sommes là c'est surtout car nous sommes peu nombreux. Nous ne sommes ni des cadors, ni des kenyans alors pour une fois qu'on peut se la raconter le lundi à la machine à café, on va s'en priver !

Le seul hic, c'est que nous ne savons pas l'écart que nous avons sur nos poursuivants.

 

Du coup, on maintient une certaine allure pour éviter une désillusion et nous traversons (trop) rapidement l'emblématique passage du fort de Maulde éclairé aux bougies ainsi que la traversée caillouteuse du Beau .



Heureusement, nulle mauvaise surprise ne viendra ternir notre fin d'épreuve et nous franchissons main dans la main la ligne d'arrivée. Le classement m'octroie alphabétiquement la première place, le journaliste évoque même un sprint mais il n'en est rien , nous sommes ex aequo.



Après coup je le regrette. Seb est trop grand et prend trop de place sur la plus haute marche du podium. La prochaine fois j'essaierai de le noyer lors de la traversée de la rivière. En plus il a hérité de la récompense que je désirais tant : un programme de renforcement musculaire des jambes . Tant mieux pour lui , avec l'âge, l'ostéoporose guette , autant que ça lui serve à quelque chose ...

Je repars de Lecelles les bras chargés de fraises (2kg), j'en ai mangé, j'en ai fait du sorbet, des gâteaux et je dois avouer que j'en ai maintenant plein le cul des fraises ... même si elles étaient supers bonnes !

Ainsi se termine ce weekend. En analysant tout ça, je suis totalement satisfait . Le résultat mis à part , j'ai encaissé 80 km de course à pied en deux jours sans problèmes, à un rythme correct et j'ai même enchaîné lundi avec 15 bornes supplémentaires.

Cela fait maintenant 8 semaines à plus de 12 h d'entraînement, j'ai perdu près de 6 kgs et cela joue énormément dans la performance. Il n'y a qu'à espérer que l'avenir soit aussi radieux . Et l'avenir justement :

29 mai : marathon du mont saint michel
4 juin : raid artois opale VTT 130 kms
11 juin : triathlon xterra Belgique
26 juin : 100 kms de Paris
et le 9 aout , début de la transe gaule : 1200 kms !

Côté organisation :
orga parfaitement rodée .

 

bénévoles sympas

 

passages agréables et typiques : bistrot, traversée rivière et fort de Maulde à conserver !
ravitos nombreux et complets
balisage nickel
parcours simple et hyper roulant, ne pas s'attendre à un trail pur et dur.
de nombreux participants , des comités d'entreprise permettent une ambiance chaleureuse.
profit offert à l'asso des clowns de l'espoir
seul hic : nous faire rejoindre le 15 kms : gros bordel dans la gestion des dépassements .
et une mention spéciale à l'ambianceur de folie pour le podium !

merci aux photographes, d'autres photos à suivre ...

résultats ... ici

carte :



off de l'étrange

Ce weekend, comme tant d'autres, j'avais prévu de réaliser une rando VTT le samedi (rando Erquelinnes) et une longue sortie course à pied le dimanche (trail de la fraise).

 

Or, deux jours avant , Ben l'alchimiste me propose de venir visiter son coin d'entraînement lors d'une sortie trail de 36 kms et 700 D+.Et voilà mon organisation initiale chamboulée !

 

Notre professeur tournesol maison avait organisé un off en début d'année auquel je n'avais pu participer à cause d'une blessure . J'avais donc la ferme intention de réparer cette absence en honorant sa nouvelle invitation.



Et le moins que l'on puisse dire , c'est que je ne l'ai pas regretté  :







 Un parcours au poil alliant chemins camouflés,

 

 

 

 passages en forêt,






 

 

 
 

 lieux emblématiques et curiosités époustouflantes.



Merci donc à Ben pour m'avoir fait découvrir ces magnifiques paysages !



















et la carte !